mercredi 23 avril 2025

Saint Georges, Le Chevalier Héros Martyr

 🌹 Saint Georges : le Chevalier du Christ

Statue représentant Saint Georges, à Zagreb


⚔ Un homme de haute naissance, au service d’un Roi plus grand

Saint Georges naquit selon la tradition vers la fin du IIIe siècle, dans une région de la Cappadoce, au sein d'une famille chrétienne noble et militaire. Son père, officier dans l'armée romaine, fut martyrisé pour sa foi. Sa mère, noble dame de Lydda en Palestine, l’éleva dans l’amour du Christ et la dignité des vertus viriles.

Très tôt, Georges se distingua par sa bravoure et ses qualités physiques et morales. D'une prestance éclatante, il entra à son tour dans l’armée impériale sous l'empereur Dioclétien, montant rapidement en grade. Sa loyauté, sa droiture et son intelligence le firent remarquer à la cour. Mais voilà : lorsque l'empereur engagea ses persécutions contre les chrétiens, Georges refusa de sacrifier aux idoles.

Plutôt que de trahir le Christ, il préféra la disgrâce, la torture, puis la mort. Il alla jusqu'à déchirer de ses propres mains l’édit impérial persécuteur, devant les yeux d’une foule pétrifiée. Il savait ce qu’il risquait. Mais il avait choisi son camp : celui du Roi des rois. Ce fut le début d’un chemin sanglant, mais glorieux, qui allait faire de lui l’un des martyrs les plus aimés de toute la chrétienté.

La Princesse tenant le Dragon en laisse comme un Agneau après la Victoire de Saint Georges sur le Dragon


🙏 Le martyre, ou le triomphe du courage chrétien sur la tyrannie

L’histoire du martyre de saint Georges est comme un chant héroïque gravé dans la chair des saints, un poème de feu où la grâce défie la brutalité des hommes et les machines de l’enfer. L’empereur Dioclétien, fou de rage devant ce soldat qui ne voulait pas trahir le Christ pour les idoles de Rome, ordonna une série de supplices qui dépassent l’imagination. Il fallait briser non seulement le corps, mais aussi l’âme, déraciner la foi et couronner la terreur impériale.
On le fouetta jusqu’au sang, au point que sa chair se détacha par lambeaux et que les os saillants témoignèrent silencieusement de son endurance surnaturelle. On le jeta sur le chevalet, instrument cruel où les membres étaient distendus jusqu’à ce que les articulations cèdent, mais Georges priait, et sa voix, au lieu de se perdre dans un râle, chantait la gloire du Christ, « Rex tremendae majestatis ».
Puis vinrent les brodequins de fer, dans lesquels on enferma ses pieds pour y enfoncer des clous incandescents. On dit qu’il ne poussa pas un cri. Les bourreaux, las de leur impuissance, l’écrasèrent entre deux meules de pierre, mais là encore, la légende affirme qu’un ange du Seigneur le visita, et que, dans la nuit de son cachot, son corps fut guéri, rayonnant comme au premier jour.
Un prêtre païen, persuadé qu’il tenait là un sorcier, le força à boire un poison mortel, jurant que nul homme n’en réchapperait. Georges but, fit le signe de la croix, et vécut. Ce miracle bouleversa la foule. On dit que la propre épouse de Dioclétien, l’impératrice Alexandra, bouleversée par la paix surnaturelle qui irradiait de ce jeune martyr, s’écria devant la cour :

« Le Dieu de Georges est le seul vrai Dieu ! »
Son courage la mena au supplice, et elle mourut chrétienne, le nom du Christ sur les lèvres.

Devant l’échec total de toutes ces tortures, devant la conversion d’un nombre croissant de spectateurs, de geôliers, de conseillers même, Dioclétien, pris de fureur, ordonna la décapitation. On mena Georges hors de la ville, un matin de printemps. Il regarda le ciel, fit un dernier signe de croix, et dit, selon une tradition syriaque :

« Seigneur Jésus-Christ, reçois mon esprit, et ne m’abandonne pas au jour du jugement. »

Il mourut décapité, vers l’an 303 selon les historiens et la tradition, un 23 avril qui devint pour l’Église un jour de lumière et important en l'honneur de ce qui est sûrement de l'un des plus Grands Saints de l'Histoire. Au moment où sa tête tomba, un parfum étrange se répandit dans l’air, et plusieurs malades furent guéris simplement en touchant son sang. Le tyran avait voulu effacer un nom, et il grava dans l’éternité le souvenir d’un saint.

Icône de Saint Georges au musée byzantin d'Athènes


🐲 Le dragon, le mythe et le symbole d’un combat éternel

L’histoire la plus célèbre de saint Georges est bien sûr celle du dragon, rapportée dans la Légende dorée de Jacques de Voragine. Dans une ville d’Orient (Silène en Libye selon certains) un monstrueux dragon terrorisait les habitants. Pour l’apaiser, les gens lui offraient des victimes humaines. Un jour, ce fut la fille du roi qui fut désignée. Tandis qu’elle s'avançait vers la mort, Georges, passant par là, affronta la bête. Il la terrassa avec sa lance, au nom du Christ, sauvant la jeune fille et convertissant tout le peuple.

S'agit-il d'une allégorie ? Sans doute. Mais elle dit quelque chose de profondément vrai : le dragon est le symbole du paganisme, du péché, du Mal. Georges le combat non par sa force seulement, mais par la puissance du Nom de Jésus. Il représente l’image même du chrétien en lutte, le soldat de Dieu qui terrasse le Mal par la foi, la pureté et le courage.

C’est cette image qui fera de lui le saint patron de nombreux pays l’Angleterre, la Géorgie, l’Éthiopie, et tant de royaumes chrétiens médiévaux comme la Bulgarie, la Serbie, le Portugal etc. Il fut l’inspirateur des croisés, le protecteur des chevaliers, et l’exemple vivant de la chevalerie spirituelle.

Vitrail représentant St Georges terrassant le Dragon (Église St Georges de Raon l'Étape)


Nous vous proposons d'aller plus loin dans cette histoire légendaire : 

🐉 Le dragon, figure du Mal antique

Dans l’univers spirituel chrétien, le dragon n’est pas seulement une créature monstrueuse : il est le visage du Mal absolu, celui que l’Écriture nomme « le grand dragon, l’antique serpent, le diable ou Satan » (Apocalypse 12, 9). Dans la légende de saint Georges, ce monstre surgit d’un lac, image biblique du chaos, des abîmes d’un monde sans Dieu. Il réclame des vies humaines, exige des sacrifices sanglants, symbole de l’idolâtrie païenne, de l’oppression politique, et de tout système inique qui broie les faibles pour satisfaire les puissants.

Le dragon représente ici l’Empire romain persécuteur, ou plus largement toute puissance tyrannique refusant le vrai Dieu face aux idoles. Il est cet ordre sans justice, où l’homme est réduit à une marchandise, où l’âme est étouffée, où l’on sacrifie l’innocent pour maintenir une paix bâtie sur la peur.

👑 La princesse sacrifiée, figure de l’Église et du peuple opprimé

La jeune fille offerte au monstre n’est pas qu’un personnage pittoresque, elle est l’allégorie de l’Église persécutée, de l’humanité livrée à la terreur et aux mensonges du monde païen. Elle représente aussi l’âme humaine sans défense, que le mal menace de dévorer.

Elle pleure, mais elle espère. Et c’est dans cet instant de désespoir que surgit, non un guerrier ordinaire, mais le chevalier du Christ. Cette histoire est une vraie leçon nous encourageant donc à ne jamais baisser les bras même quand tout semble perdu.

⚔️ Saint Georges, soldat de Dieu

Saint Georges n’est pas un héros mythologique parmi d’autres. Il est le type du martyr chrétien, celui qui refuse de plier devant César, celui qui ose brandir la croix face à l’empire du mensonge. Monté sur un destrier blanc, portant la lance de la foi, il terrasse le dragon comme le Christ a vaincu la mort. Il est le chevalier de la Vérité, celui qui rappelle que le combat spirituel est plus réel que toutes les guerres terrestres. Voici les significations : 

Son épée ? La Parole de Dieu.
Son armure ? Les vertus.
Son courage ? La charité brûlante.
Son cri ? « Je suis chrétien. »

🌊 Les 20 000 conversions : le souffle de la grâce

Le récit rapporte que ce jour-là, 20 000 personnes furent converties. Ce chiffre n’est pas à entendre comme une statistique moderne, mais comme un signe mystique, où une foule immense, bouleversée par le témoignage d’un seul homme, abandonna les idoles pour suivre le Christ. Car c’est là le vrai miracle, qu’un cœur ardent peut enflammer une nation. Georges, en affrontant le dragon, renverse aussi les murailles de l’ignorance et du péché. Il montre que le sang du martyr, versé par fidélité à Dieu, est une semence de foi

Tableau où Saint Georges terrasse le Dragon et sauve ainsi la Princesse (à droite)


☩ Un culte immense, du Moyen Âge à nos jours

Dès les premiers siècles, son culte s’étend en Orient comme en Occident. L’empereur Constantin fit bâtir une église en son honneur à Lydda. Son nom était invoqué dans les litanies, peint dans les chapelles, cousu sur les bannières. Au temps des croisades, il devint l’emblème du combat juste : les chevaliers de Jérusalem priaient saint Georges avant la bataille, et affirmaient qu’il leur était apparu à cheval, cuirassé de blanc, pour les soutenir.

Son culte fut si fort que, même après la Réforme, les Anglais conservèrent leur dévotion à saint Georges. La célèbre Croix de Saint Georges orne encore aujourd’hui le drapeau de l’Angleterre. En Russie, sa figure orne les armoiries impériales. En Espagne, en France, en Italie, des milliers d’églises portent son nom.

Et jusqu’à nos jours, dans les villages reculés comme dans les cathédrales, saint Georges demeure ce modèle du chrétien qui ose combattre, non pas par haine, mais par amour du Bien.

Relique de Saint Georges 


💔 Les ravages de la haine : dégradations de son tombeau et profanations révolutionnaires

Ce serait un mensonge impardonnable que de taire les outrages subis par le souvenir de saint Georges, lui qui pourtant, dans les siècles de fer et de sang, avait été vénéré par tous les peuples chrétiens. Car l’homme moderne, dans sa superbe, s’en est pris non seulement aux vivants, mais aux morts, aux reliques, aux sanctuaires et aux tombes bénies.

Le tombeau de saint Georges, situé dans la ville de Lod (anciennement Lydda) en Terre Sainte, devint un lieu de pèlerinage immense, visité par les rois croisés, les pèlerins byzantins et les fidèles d’Orient comme d’Occident. Une magnifique basilique fut élevée en son honneur, ornée de marbres et d’icônes, remplie des chants fervents des moines et des chevaliers. Des ex-voto couvraient les murs, témoins muets de guérisons et de grâces obtenues par son intercession.

Mais au XVIe siècle, les hérétiques protestants, nourris de la haine des saints et de l’antique mépris calviniste pour les reliques, se livrèrent à des profanations abominables. En maints lieux d’Europe, des statues de saint Georges furent jetées au feu, ses églises pillées, ses ossements jetés aux chiens. À Lod, la basilique fut plusieurs fois abîmée et pillée, notamment lors des conflits entre Ottomans et Croisés.
Voici un exemple bien caché et difficile à trouver sur internet : 
Au début du XVIe siècle, la Réforme protestante se répandit en Suisse alémanique sous l’impulsion d’Ulrich Zwingli. Dans cette zone profondément marquée par la tradition catholique, plusieurs églises abritaient des reliques précieuses, dont celles de saint Georges, très vénéré des chevaliers suisses et des gens de montagne qui voyaient en lui un protecteur contre les puissances infernales et les dangers du monde.
L’une des plus fameuses églises de Zürich portait son nom : la Saint Georg Kirche, fondée dès le haut Moyen Âge. Elle possédait un petit reliquaire contenant ce que l’on disait être un fragment du crâne de saint Georges, enchâssé dans de l’or, et donné par un évêque de l’Empire au XIIe siècle.
Mais en 1524, lors des premières vagues iconoclastes organisées par les partisans de Zwingli, les reliques furent arrachées de leur châsse, traînées hors de l’église par une foule en furie, et jetées dans la rivière Limmat, comme de la vulgaire poussière. Les prêtres furent battus ou expulsés, les statues brisées, les vitraux martelés, et le nom même du saint fut rayé des registres paroissiaux. On raconta même qu’un jeune homme, dans un geste de dérision, aurait revêtu l’armure du saint avant de danser grotesquement sur l’autel brisé.

Et que dire de la France ? Ce royaume si longtemps chevaleresque, qui avait donné à saint Georges un culte digne de ses armes, fut frappé en plein cœur par la fureur révolutionnaire. En 1793, nombre d’églises qui lui étaient consacrées furent saccagées. Les cloches fondues pour en faire des canons, les autels détruits, les vitraux brisés. On brûlait des livres de messe comme on brûlait les hommes : sans trembler, sans prier. Le nouveau monde voulait naître, mais en foulant aux pieds les symboles de l’ancien, ceux qui élevaient l’âme, qui rappelaient le combat spirituel.
Voici des exemples : 
L’église Saint-Georges de Lyon, l’une des plus anciennes de la ville, fut profondément marquée par la tourmente révolutionnaire. Elle était déjà un haut lieu de piété depuis le Moyen Âge, bâtie au pied de la colline de Fourvière, là où le peuple venait prier le martyr valeureux. Les chevaliers, avant de partir en croisade, y faisaient bénir leurs armes, et les familles lyonnaises s’y rendaient pour demander la protection du saint contre les fléaux et les guerres. 
Mais en 1793, lors du siège de Lyon par les troupes républicaines, cette église fut fermée au culte, dépouillée de ses objets sacrés, et transformée en entrepôt militaire. Le mobilier liturgique fut brûlé, les statues de saint Georges détruites, et les murs souillés de graffitis anticléricaux. Le grand tableau représentant le saint terrassant le dragon (qui surplombait l’autel) fut mis en pièces et perdu.
Ce saccage n'était pas isolé car dans toute la France, au moins vingt paroisses dédiées à saint Georges furent profanées, fermées ou détruites durant la Terreur. À Paris, à Dijon, à Bordeaux, des autels furent renversés, des vitraux martelés, et même des ossements exhumés et jetés à la voirie.
Et pourtant, malgré ces violences, le souvenir de saint Georges n’a jamais tout à fait disparu. Comme un chêne coupé qui repousse par ses racines, son culte revit. Aujourd’hui encore, dans les ruelles de Lod, des processions se forment. Des enfants brandissent des croix, et les anciens chantent encore : “Saint Georges, vaillant chevalier du Christ, intercède pour nous

Église Saint Georges reconstruite en 1842 à Lyon


🕊 Citation ancienne en son honneur

“Sancte Georgi, ora pro nobis, ut simus fortes in bello et humiles in pace.”
(« Saint Georges, prie pour nous, afin que nous soyons forts dans la guerre et humbles dans la paix. »)


🙏 Prière à Saint Georges écrite par la rédaction et inspiré de certaines prières lui rendant hommage.

Ô saint Georges,
preux soldat du Christ,
toi qui as combattu le dragon infernal
et n’as pas craint les bourreaux de la terre,
obtiens-nous force et droiture dans les luttes que nous menons.

Inspire aux chrétiens d’aujourd’hui
l’amour du sacrifice et le mépris des compromissions,
fais de nous des chevaliers de l’Évangile,
humbles dans la paix, invincibles dans la foi.

Protège les faibles, relève les brisés,
et guide-nous dans le combat contre les ténèbres du siècle.

Par Jésus-Christ notre Seigneur. Amen.

La légende de Saint Georges de Lancelot Blondeel

 

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