Sainte du Jour : Sainte Ida

 Bonjour à toutes et à tous, en cette journée du 13 avril, nous fêtons la Sainte Ida, dit également Sainte Ide. Aujourd'hui, nous fêtons également la fête des Rameaux, nous ferons un article sur cette fête importante pour nous Chrétiens demain. Bonne lecture et bonne fête à toutes les prénommées Ide ou Ida.

✝️ Sainte Ida de Boulogne

Comtesse, mère de rois, épouse vertueuse et sainte femme du Nord
📅 Fêtée le 13 avril
📍 Vers 1040 – 13 avril 1113

Sainte Ida disant Adieu à ses fils

🌹 Une femme noble et pieuse au cœur du XIe siècle

Sainte Ida, que l’on nomme aussi Ide de Boulogne, voit le jour vers 1040, au sein de la haute aristocratie lorraine, alors pleinement enracinée dans le saint Empire romain germanique. Elle est la fille du puissant Godefroy II, duc de Basse-Lotharingie, et de la noble Mathilde de Saxe, issue de la lignée impériale ottonienne et de Charlemagne par son père. Sa naissance la place au carrefour des grands royaumes d’Occident, entre l’Empire germanique et le royaume de France, entre les fastes du monde et l’appel discret du Christ.

Dès son enfance, Ida est formée dans la crainte de Dieu, l’étude des Écritures et les vertus propres aux dames chrétiennes : l’humilité, la discrétion, la charité envers les pauvres, l’amour du silence. On dit qu’elle apprenait à lire dans les psaumes et qu’elle priait longuement à la chapelle dès l’aube, préférant les offices aux divertissements. Elle reçoit son instruction dans le cadre d’un couvent noble, probablement Munsterbilzen, en actuelle Belgique où la culture bénédictine infuse la piété comme la sagesse pratique.

Mais c’est en sa maturité que Dieu la destine à un rôle de plus grande envergure. À l’adolescence, elle est donnée en mariage à Eustache II, comte de Boulogne, seigneur redouté du nord du royaume de France, proche des rois et des grands d’Europe. L’union est plus que politique : elle est providentielle. Le couple incarne un idéal chrétien de noblesse conjugale, et de leur alliance naîtront trois fils dont l’histoire portera les noms jusqu’en Orient : Godefroy de Bouillon, Baudouin Ier, et Eustache III, tous trois croisés, deux d’entre eux devenant rois en Terre sainte.

Dame de Boulogne, Ida devient non seulement mère de héros, mais aussi éducatrice de saints, formant ses enfants non dans l’ambition des conquêtes, mais dans l’amour du sacrifice et de la Croix. Elle impose dans son domaine une atmosphère de prière et d’élévation. Le château comtal de Boulogne devient sous son influence un lieu de rayonnement spirituel, où les hôtes sont reçus comme le Christ, où les pauvres trouvent leur pain, et les moines leur refuge.

Ainsi s’épanouit, dans la tourmente du XIe siècle, une rose bénie entre deux couronnes, noble par le sang, mais surtout par l’âme, appelant déjà, par sa ferveur discrète, l’auréole de la sainteté.

👑 Mère de Godefroy de Bouillon, le défenseur du tombeau du Christ

Sainte Ida est surtout connue comme la mère de Godefroy de Bouillon, l’un des plus nobles et saints croisés de la première croisade, qui refusa le titre de roi de Jérusalem pour ne pas « porter une couronne d’or là où le Christ porta une couronne d’épines ».

Mais Ida ne fut pas seulement la mère d’un héros. Elle donna naissance à trois fils :

• Godefroy de Bouillon, duc de Basse-Lotharingie, chef de la première croisade,

• Eustache III, comte de Boulogne,

• Baudouin Ier, qui devint roi de Jérusalem.

Une telle fécondité spirituelle et politique n’est point fruit du hasard. Ida éleva ses fils dans la foi, la rigueur, la noblesse de cœur et l'amour de Dieu et de la patrie. Elle est l’exemple achevé de la mère chrétienne médiévale, gardienne du foyer et éducatrice des futurs défenseurs de la Chrétienté.

Représentation de Sainte Ida avec le Comte Eustache II de Boulogne

🙏 Une vie de prière, de charité et de pénitence

Veuve très tôt après la mort d'Eustache II en 1087 (elle avait 37 ans cette année là), elle ne se remarie pas. Elle consacre sa vie à la prière, au jeûne, à la lecture des Pères et aux œuvres de miséricorde. Elle fonde ou soutient plusieurs abbayes, notamment celle de Saint-Wulmer au Bois, qu’elle restaure et enrichit. Elle fréquente les églises, se fait proche des moines et des pauvres, et vit comme une moniale dans son château, sans pour autant entrer en religion.

On raconte qu’elle avait un profond attachement à la Passion du Christ, et qu’elle s’unissait à Ses souffrances dans la pénitence. Elle fut guidée spirituellement par Anselme de Cantorbéry, le grand docteur bénédictin.

Vitrail représentant Sainte Ida dans l'Église de Sainte Ide à Saint Martin Boulogne.

👑 Louis XI et le culte de Sainte Ida

Le roi Louis XI (dit Louis le Prudent), homme de foi profonde, souvent méconnu et injustement décrié, fut un grand protecteur des sanctuaires et des saints populaires. Profondément attaché à Boulogne-sur-Mer, il reconnut Sainte Ida comme patronne de la ville, dans un esprit de piété et de gratitude envers cette femme dont les fils avaient tant donné à la chrétienté.
Par cet acte, le Roy Très Chrétien soulignait l’importance de la maternité chrétienne dans l’édifice du royaume de France. À une époque troublée, il voyait en Sainte Ida un rempart spirituel pour sa couronne, et en son exemple une source d’édification pour les familles nobles et paysannes.
C’est aussi sous son règne que les processions en l’honneur de Sainte Ida prirent un essor particulier dans le Boulonnais, mêlant ferveur populaire et reconnaissance royale.

🕊️ Mort et culte

Sainte Ida meurt en 1113, en odeur de sainteté. Elle est inhumée dans l’église de l’abbaye de Notre-Dame du Capelle, près de Boulogne-sur-Mer. Son tombeau devient rapidement un lieu de pèlerinage.

Elle est canonisée peu après sa mort, et son culte reste vivace dans le Nord de la France, en Belgique et en Allemagne.
Elle est la patronne des mères chrétiennes, des comtesses et des femmes nobles soucieuses de l’éducation de leurs enfants dans la foi.

✨ Miracles et grâces : la charité couronnée par la Providence

La sainteté de Sainte Ida ne s’exprima pas seulement par ses œuvres visibles et sa piété rayonnante. Dès son vivant, des signes extraordinaires vinrent confirmer ce que tous reconnaissaient en silence : Dieu se plaisait à bénir le peuple par son intermédiaire.

L’un des récits les plus touchants et transmis avec ferveur dans le Boulonnais est celui d’une jeune fille sourde, que l’on amena à la comtesse alors qu’elle se trouvait en prière dans la chapelle. L’enfant, muette depuis sa naissance, ne pouvait entendre les chants liturgiques ni répondre aux exhortations des prêtres. Ida, bouleversée, posa les mains sur sa tête et récita avec ferveur une prière à la Vierge Marie. La jeune fille a été guérie 3 fois après être tombée dans le pêché :

(Cette jeune fille perdit son innocence et tomba dans le désordre. En punition de cette faute, elle fut de nouveau privée de l’usage de la parole. Sa mère la conduisit cependant encore dans l’église de La Capelle, aux Matines d’une fête solennelle. Les mérites de la comtesse obtinrent miséricorde pour la pécheresse.

La malheureuse retomba dans le même péché et fut de nouveau affligée des mêmes infirmités. Mais Dieu guérit pour la troisième fois la sourde et muette à cause de la sainteté de la comtesse Ide. La pécheresse devint une pénitente ; elle vécut désormais dans la chasteté.) Source : La Porte Latine 

On raconte que, dans le silence qui suivit, la fillette leva soudain les yeux, comme frappée de lumière, et prononça ses premiers mots : "Ave Maria." Toute l’assemblée se mit à pleurer, et l’on chanta le Te Deum.

Ce miracle se répandit dans les campagnes alentour, renforçant la dévotion du peuple à "la bonne comtesse Ida", que l’on venait consulter autant pour des conseils pratiques que pour obtenir des prières.

On disait également que les malades se sentaient soulagés rien qu’en touchant le pan de sa robe, et qu’elle portait toujours sur elle une petite croix reliquaire, qu’elle apposait sur le front des mourants pour leur obtenir la paix.

Sainte Ida fait restaurer la chapelle du monastère de Wast

⚜️ Une sainte pour la Droite chrétienne et enracinée

Sainte Ida incarne la féminité chrétienne dans sa noblesse originelle : humble, forte, féconde, au service de la foi et du devoir d’état. À l’heure où l’on bafoue les rôles naturels, elle rappelle la vocation sublime de la mère et la grandeur du foyer chrétien.

Elle est un modèle à proposer à la jeunesse désorientée, une réponse douce mais ferme à l’idéologie du néant.

📜 Citation traditionnelle (attribuée dans les hagiographies médiévales) :

« La foi d’une mère peut soulever un royaume. »
(Devise spirituelle associée à sainte Ida.)