jeudi 10 juillet 2025

Sainte Amandine de Schakkebroek

 Sainte Amandine de Schakkeboerk

Sainte Amandine



👶 1. Une enfance simple et lumineuse dans les plaines de Flandre (1872–1891)

Sainte Amandine vit le jour le 28 décembre 1872, à Schakkebroek, petit village campagnard du diocèse d’Hasselt, dans la province du Limbourg belge. Son nom de baptême était Pauline Jeuris. Elle était la cinquième d'une fratrie nombreuse, née dans une famille paysanne modeste mais profondément croyante, où les saisons cadencées par la messe dominicale et les litanies du soir donnaient à la vie sa tonalité sacrée.

Hélas, comme souvent dans les campagnes pauvres de l’Europe du XIXe siècle, le malheur ne tarda pas à visiter son foyer : sa mère mourut alors que Pauline n’était encore qu’une fillette, et son père, ne pouvant subvenir seul aux besoins de ses enfants, les plaça dans des foyers ou des institutions religieuses. La jeune Pauline fut confiée aux Sœurs de l’Amour Divin à Herk-de-Stad, où elle fut instruite, vêtue, nourrie, et surtout, éveillée à la vie intérieure.

Dès l’enfance, elle fit montre d’un tempérament joyeux, audacieux, un peu malicieux même, mais toujours empreint d’une douceur profonde. Les sœurs voyaient en elle une âme vive, avide de prière autant que de rires, celle qu’on surnommait affectueusement « la petite flamme de Dieu » tant son ardeur spirituelle semblait brûler sans jamais faiblir.

Plus tard, elle travailla comme aide dans un hôpital dirigé par des religieuses franciscaines à Liège, où elle assista les malades avec tendresse. Ce fut là, au chevet des souffrants, que son désir missionnaire prit forme : elle voulait donner sa vie pour les plus pauvres, les plus loin, là où le Christ n’était pas encore connu ou aimé. Une vocation naissait dans le silence des couloirs d’hospice.

En 1892, à 20 ans, elle entra chez les Franciscaines Missionnaires de Marie, congrégation fondée par Marie de la Passion, dont le charisme alliait l’adoration eucharistique au service missionnaire actif. Elle reçut alors le nom religieux de Sœur Marie Amandine, en l’honneur de l’amour délicat de Dieu, amandus en latin.

Sainte Amandine et ses compagnes (1898)


💝 2. L’appel intérieur : entre silence, service et soif d’horizons lointains (1886–1892)

L’enfance rude et lumineuse de Pauline Jeuris, future sœur Marie Amandine, forgea une âme bien trempée, où la douleur et la foi s’entrelacèrent dès l’aube. Orpheline très jeune, elle fut élevée par les religieuses dans un climat de charité discrète, baignée dans la liturgie quotidienne, le travail humble et les récits édifiants des missions lointaines. Elle gardait dans son cœur les images de ces terres inconnues d’Asie ou d’Afrique, où des religieuses donnaient leur vie dans l’ombre des palmiers ou la poussière des sentiers.

À l’âge de 14 ans, elle entra comme domestique à l’hospice Saint-Charles de Liège, tenu par les Sœurs de Saint-François. Ce fut là, dans les couloirs pleins d’effluves médicinaux, au chevet des moribonds et des miséreux, que germa sa vocation véritable. Elle s’éprend d’un amour ardent pour les pauvres, non pas dans l’abstraction théorique, mais dans la chair vive du quotidien : laver un corps affaibli, tenir la main d’un agonisant, sourire à un visage rongé par la fièvre, autant d’actes qui devinrent pour elle des sacrements silencieux.

Elle se disait :

« Le Bon Dieu m’appelle à tout quitter, à Le suivre là où Il n’est pas aimé. »

Elle aspirait à une vie où l’on pourrait unir l’adoration du Christ à l’offrande totale de soi pour le salut du monde. Cette flamme intérieure trouva son exutoire lorsque Pauline découvrit l’existence des Franciscaines Missionnaires de Marie, fondées en 1877 par Marie de la Passion. Cette congrégation audacieuse envoyait des femmes à travers les continents pour porter l’Évangile par les soins, l’enseignement et surtout, l’exemple d’une vie pauvre et donnée.

En 1892, à l’âge de 20 ans, elle entra au noviciat de Marche-les-Dames, en Belgique. C’est là qu’elle reçut son nom religieux : Sœur Marie Amandine, symbole d’un amour doux, patient, joyeux. Elle fit profession le 4 octobre 1895, en la fête de saint François d’Assise, son modèle d’humilité et de joie évangélique. Elle s’écria alors, selon la tradition :

« Maintenant, je suis tout à Jésus, et je veux être toute à ses petits. »

À peine avait-elle prononcé ses vœux qu’on l’annonça partante pour la Chine, destination redoutée et espérée, car les persécutions y faisaient rage. Elle n’en fut point effrayée. À ses compagnes qui s’inquiétaient, elle répondit :

« Quelle grâce de mourir pour Jésus dans une terre où il a si peu d’amis ! »

Cadre représentant Sainte Amandine


 

🕊 3. La Croix au pays du Dragon : mission à Taiyuanfu (1895–1900)

À peine ses vœux prononcés, Sœur Marie Amandine fut envoyée au service des missions en Chine, dans la province du Shanxi. C’était là une terre âpre et dangereuse, dont les colères populaires pouvaient se retourner contre les étrangers à tout moment, mais où la soif de l’Évangile brillait dans quelques cœurs simples, portés par la charité des missionnaires.

En mars 1899, elle rejoignit la communauté des Franciscaines Missionnaires de Marie à Taiyuanfu, capitale du Shanxi, pour y servir dans l’hôpital de la mission tenu par les frères mineurs franciscains. Le climat était rude, les mœurs locales parfois hostiles, et la barrière de la langue tenace. Mais elle ne s’en laissa point troubler. À son arrivée, elle écrivit :

« J’ai tout quitté pour le bon Dieu. Que m’importe la langue, le pays, les coutumes ? Là où l’on peut souffrir et aimer, là est ma patrie. »

Elle se mit avec zèle au service des malades chinois, les plus délaissés, souvent répugnants aux yeux des autres, qu’elle appelait « mes petits rois ». Ceux qui l’approchaient parlaient de son rire clair, enfantin, mais profond, qui contrastait avec la souffrance environnante. Elle soignait, elle chantait, elle priait, parfois tout à la fois.

Les enfants l’admiraient. Les malades l’appelaient la sainte blanche. Elle portait la coiffe franciscaine comme un flambeau d’humilité, offrant son quotidien comme une liturgie secrète. Son supérieur dira d’elle :

« Jamais je n’ai vu une religieuse si joyeuse dans les corvées. Elle portait la charité comme un manteau. »

Cependant, le contexte politique devenait de plus en plus inquiétant. Le ressentiment envers les étrangers et les missionnaires, attisé par la secte nationaliste des Boxers, montait en crescendo. Les rumeurs de massacres, de pillages et de révoltes s’épaississaient comme des nuages noirs sur la plaine jaune du Shanxi.

Sœur Marie Amandine, pourtant, ne voulut jamais fuir. À ses sœurs tentées par la peur, elle murmurait :

« Mourir ici, c’est entrer chez soi. »

Ste Amandine à son poste de mission à Taiyuan


♱ 4. Le temps du martyre : la persécution des Boxers et l’offrande de soi (1900)

À l’aube du XXe siècle, la Chine impériale était secouée par une vague de colère nationaliste et mystique. Un mouvement insurrectionnel connu sous le nom de Yihequan, littéralement « Poings de justice et d’harmonie », se répandait dans le Nord du pays. Appelés « Boxers » par les Occidentaux, ces hommes, convaincus d’être invincibles grâce à leurs rites de possession et de gymnastique martiale, voulaient chasser les étrangers et éradiquer la foi chrétienne, qu’ils voyaient comme une trahison de l’âme chinoise.

En juin 1900, la révolte devint persécution. À Taiyuanfu, le gouverneur Yu Xian, fanatiquement hostile aux étrangers, se fit le bras armé de cette haine. Il ordonna la capture de tous les missionnaires européens et de leurs catéchumènes chinois.

Sœur Marie Amandine fut arrêtée le 5 juillet 1900, avec six de ses consœurs franciscaines et plusieurs frères missionnaires. Leurs derniers jours furent marqués par un silence tendu, mêlé à la lumière étrange d’une joie surnaturelle.

Tandis que l'on annonçait leur exécution imminente, la petite sœur belge rayonnait, encourageant les autres, riant même dans la cellule. À une sœur terrifiée, elle dit :

« Allons donc ! Tu ne veux pas aller au Ciel ? Ce sera si beau, si beau de voir le Bon Dieu ! Et nous y allons ensemble ! »

La sentence tomba : ils seraient décapités dans la cour du yamen (résidence du gouverneur), le 9 juillet 1900. Ce jour-là, par une chaleur écrasante, 29 martyrs furent menés sur le lieu du supplice. Parmi eux, sept Franciscaines Missionnaires de Marie, venues de Belgique, France, Italie et Pays-Bas.

Les religieuses, vêtues de leur habit blanc, avancèrent en chantant des cantiques. Les soldats, troublés, hésitaient. Marie Amandine, rayonnante, leur dit :

« Nous ne sommes pas venues en Chine pour vous fuir, mais pour vous aimer. Si nous devons mourir, ce sera pour vous. »

Elle fut l’une des dernières à tomber, le sourire aux lèvres, la croix entre les doigts, et ces mots dans le cœur : « Mon Dieu, je vous aime ».

Les corps furent jetés dans une fosse commune, mais la mémoire des fidèles les recueillit, comme un encens précieux.

Représentation de Sainte Amandine


🙏 5. Une couronne céleste : canonisation, culte et rayonnement de Sainte Amandine

Le martyre des Franciscaines missionnaires de Marie à Taiyuanfu suscita une émotion immense dans l’Église. Ces jeunes femmes venues d’Europe, ayant tout quitté pour soigner les malades et enseigner la foi dans un empire lointain, avaient scellé leur engagement par le sang. La congrégation des Franciscaines missionnaires de Marie reçut ce sacrifice comme une grâce, une offrande totale à l’amour du Christ.

Dès 1901, les survivants et les fidèles en Chine commencèrent à vénérer les martyrs de Chine comme des intercesseurs puissants. En Belgique, à Herk-la-Ville, le souvenir de la « petite Justine » devenue sainte Amandine émut les cœurs. On dressa des images pieuses, des reliquaires, et l’on commença à relater sa vie avec ferveur.

Mais ce n’est que près d’un siècle plus tard, dans un élan de réconciliation et d’universalité, que l’Église proclama solennellement leur sainteté. Le 1er octobre 2000, saint Jean-Paul II canonisa les 120 martyrs de Chine, dont sainte Marie Amandine, lors d’une cérémonie grandiose à Rome, en présence de pèlerins venus du monde entier. Le pape déclara ce jour-là :

« Ils ont préféré mourir plutôt que de renier leur foi. Ils sont pour nous des exemples lumineux de fidélité et d’amour. »

La fête liturgique des martyrs de Chine est fixée au 9 juillet, jour de leur supplice. Le nom de sainte Amandine rayonne désormais dans l’Église universelle, mais c’est en Belgique et dans les communautés franciscaines qu’elle est le plus intensément honorée.

Son visage rond et doux, souvent représenté avec une croix ou un bouquet de lys, inspire les jeunes religieuses, les infirmières missionnaires, les enfants, et tous ceux qui désirent aimer jusqu’au bout.

En Chine, malgré les persécutions encore présentes, les catholiques vénèrent ces martyrs dans le secret ou lors de pèlerinages discrets. À Taiyuan, une cathédrale a été reconstruite, sur les lieux même où tant de sang fut versé, comme une réponse d’espérance à la haine.

Dans les églises franciscaines, dans les familles belges chrétiennes et dans les cœurs de nombreux croyants, sainte Amandine est invoquée comme une sainte de la tendresse joyeuse, du don total et de l’abandon amoureux à Dieu. Elle est la sœur des petits, des malades, des persécutés. Elle est la fleur missionnaire de Belgique.

Cathédrale de l'Immaculée Conception à Taiyuan

⚔️ Les persécutions des chrétiens en Chine aujourd’hui

Plus d’un siècle après le martyre de Sainte Amandine et de ses compagnes, les persécutions contre les chrétiens en Chine n’ont pas cessé, bien qu’elles aient changé de forme. Le gouvernement chinois, par son contrôle implacable de la religion, cherche à soumettre les Églises au pouvoir politique. Les communautés catholiques fidèles à Rome (dites « clandestines » sont traquées, surveillées, parfois arrêtées. Des croix sont retirées des églises, des lieux de culte sont rasés, des prêtres sont emprisonnés ou “rééduqués”. Le Parti interdit toute évangélisation auprès des mineurs et pousse les Églises dites « patriotiques » à siniser la foi, en adaptant les prières à l’idéologie communiste.

Malgré cela, dans les caves, les maisons, les forêts ou les montagnes, le peuple chrétien résiste avec ferveur. Ils prient Sainte Amandine et les autres martyrs comme des compagnons de combat. Leur fidélité dans l’ombre rappelle que le sang des martyrs est toujours semence de chrétiens, même sous les cieux de l’Empire du Milieu.

🙏 Prière à Sainte Amandine, martyre de la charité

Sainte Amandine,
toi qui as tout quitté pour aimer le Christ jusque dans les terres lointaines,
toi qui as soigné les corps et embrasé les âmes dans la paix de l’Évangile,
toi qui as souri en montant vers le martyre,
obtiens-nous un cœur joyeux dans l’épreuve,
un amour fidèle au milieu du monde,
et le courage de témoigner de la Vérité,
même lorsque l’Église est persécutée.

Toi qui as été lumière dans les ténèbres,
intercède pour les chrétiens de Chine et pour tous ceux qui souffrent à cause de leur foi.

Par Jésus-Christ notre Seigneur,
Amen.

mardi 8 juillet 2025

Saint Thibaut de Marly

 Saint Thibaut de Marly

Tableau de Joseph-Marie Vien, Saint Louis et Marguerite de Provence visitant Saint Thibaut de Marly


1. De la chevalerie à la crosse : jeunesse de Thibaut de Marly, enfant des lys

⚜️ Un fils des plus hautes maisons de France

Thibaut naquit vers 1200, au sein de la maison de Marly, branche cadette de la grande famille des Montmorency, qui portait alors parmi les plus glorieux noms du royaume. Son père, Bouchard Iᵉʳ de Marly, était un chevalier valeureux, croisé sous le roi Philippe Auguste, seigneur de Marly-le-Roi et de Châteaufort, en Île-de-France. Sa mère, Mathilde de Châteaufort, descendait en droite ligne du roi Louis VI le Gros, mêlant à sa naissance les armes et le sang royal. On le destinait, tout naturellement, aux charges d’honneur, aux armes, à la cour, et peut-être à quelque prélature noble s’il venait à choisir l’Église.

Il grandit donc dans un monde de chevalerie et de piété aristocratique, où les vertus chrétiennes étaient tenues pour la parure première d’un grand nom, et où l’on apprenait à la fois le psautier et l’épée, le courage et l’obéissance, le latin des clercs et le franc parler des barons. La maison de Marly était connue pour sa proximité avec les ordres religieux, et notamment l’abbaye cistercienne des Vaux-de-Cernay, fondée par sa famille. Il n’est pas exagéré de dire que Thibaut fut nourri dès l’enfance par la présence et le rayonnement des moines blancs.

🏇 Une éducation de preux, mais un cœur de contemplatif

Tout le jeune Thibaut semblait pourtant promis aux gloires du siècle. On lui enseigna l’art du combat, les règles des tournois, le respect des dames et des serments d'honneur. Il participa, comme ses pairs, aux joutes et aux jeux courtois, fréquentant sans doute la cour de Philippe Auguste, dont il partageait les codes et les valeurs. Mais en son cœur résonnait un autre appel, plus doux, plus haut : l’appel du Christ pauvre et humilié, l’appel du cloître, l’appel du silence.

Un jour, raconte-t-on, alors qu’il devait se rendre à un tournoi, il entra dans une chapelle pour assister à la messe de la Vierge Marie. Pris par la prière, il y demeura tout l’office durant, oubliant l’heure. Lorsqu’il rejoignit les siens, il apprit qu’un chevalier inconnu, vêtu comme lui, avait combattu et remporté la victoire à sa place. Thibaut comprit alors que le ciel avait envoyé un ange pour l’en détourner : ce fut pour lui un signe. De cet événement discret, il tira une résolution profonde : se retirer du monde, non par lâcheté mais par amour du Ciel, et revêtir l’habit de moine.

🕊️ Un royaume en mutation, une Église en ferveur

À cette époque, la France était secouée par de grands bouleversements. Le roi Philippe Auguste venait d’écraser les Anglais à Bouvines (1214), et son fils Louis VIII partait bientôt en croisade contre les Albigeois. Les croisades, les hérésies, les tensions entre barons et couronne, formaient le décor agité d’un royaume chrétien mais fragilisé. Toutefois, dans le même temps, de grandes figures spirituelles surgissaient : saint Dominique, saint François d’Assise, et plus près de lui, saint Louis, alors jeune prince, cousin de Thibaut.

Dans ce tumulte, le jeune Marly ne voulut pas choisir les honneurs de la guerre ou les intrigues de la cour, mais la paix du Christ. Il entendit l’appel de Dieu dans un monde en feu, et voulut, comme saint Benoît autrefois, se retirer pour mieux intercéder.

Ainsi, à l’âge de 26 ans environ, vers 1226, il frappa humblement à la porte de l’abbaye des Vaux-de-Cernay, fondée par ses ancêtres, et y demanda l’habit cistercien. L’abbé Thomas tenta de le dissuader, connaissant la rudesse de la règle ; mais Thibaut, doux et ferme, insista. Le noble chevalier devenait moine blanc.

🍇 Le pays de Marly entre vignes, forêts et privilèges féodaux

Marly, terre natale de saint Thibaut, n’était pas seulement un domaine noble : c’était un petit monde en soi, un pays où les hommes vivaient entre vignobles, bois giboyeux et terres labourées, aux portes de la grande forêt d’Yveline. Situé non loin de Saint-Germain-en-Laye et de Paris, ce terroir appartenait à l’ancien pays du Hurepoix, à la fois proche du pouvoir royal et riche d'une identité rurale bien enracinée.

Depuis le XIe siècle, la seigneurie de Marly bénéficiait de chartes coutumières, d’exemptions fiscales locales et de droits d’usage accordés aux paysans par les seigneurs de la lignée. Ces chartes, bien que modestes, montraient une certaine attention des Montmorency-Marly à l’égard des tenanciers et des clercs. Le vignoble y tenait une place importante : les coteaux de Marly, exposés au midi, produisaient un vin blanc estimé, destiné en partie à la consommation seigneuriale et à l'approvisionnement des abbayes voisines, comme celles de Saint-Denis, de Cîteaux et surtout des Vaux-de-Cernay.

Dans ce pays mêlé de sacré et de sève, la foi rurale était profonde. Les croix de chemins, les chapelles villageoises et les confréries d’habitants témoignaient d’un attachement charnel à la terre et à Dieu. Marly ne connaissait pas encore la gloire royale qu’elle connaîtra sous Louis XIV, mais elle vibrait déjà d’une harmonie médiévale, d’un équilibre entre l’ordre féodal, la charité chrétienne et la vie agricole.

C’est dans ce terreau d’enracinement et de spiritualité que grandit Thibaut, recevant dès l’enfance cette double empreinte : celle du chevalier et celle du vigneron, celle du seigneur et celle du paysan priant.

Saint Thibaut de Marly en train de prier


✝️ 2. Moine blanc, abbé fidèle, père des pauvres : la vie monastique de saint Thibaut de Marly

À l’âge où d’autres fils de barons s’élançaient en croisade ou tramaient leur ascension au service du roi, Thibaut de Marly choisit la voie étroite, celle du silence, de l’humilité et du combat intérieur. Ayant renoncé à l’héritage de ses aïeux, il entra en 1220 dans l’abbaye cistercienne des Vaux-de-Cernay, une fondation des Montmorency érigée en 1118, nichée entre bois et ruisseaux dans la vallée de Chevreuse. C’était alors une maison rayonnante, austère, mais active, déjà influencée par la réforme cistercienne de saint Bernard de Clairvaux.

🕯️ Une conversion du cœur, entre austérité et douceur

À peine vêtu de la bure blanche, Thibaut adopta avec ferveur la règle de saint Benoît, mêlant le travail manuel, la prière liturgique et la contemplation. Il servait à l’autel, défrichait les bois, visitait les malades, avec une joie paisible qui étonna même les frères anciens. Selon le chroniqueur de l’abbaye, dom Jean de Cernay, il jeûnait souvent au pain sec et à l’eau, mais toujours avec un visage serein, car, disait-il : « La peine du corps est le repos de l’âme. »

On raconte qu’il passait ses nuits en prière, prosterné dans la pénombre du chœur, priant pour les pécheurs, les âmes du purgatoire et les misères de France. Il avait une dévotion tendre pour la Sainte Vierge, récitant sans cesse le Salve Regina, et s’agenouillant chaque fois qu’il entendait son nom.

🕊️ Élu abbé malgré lui, il devient pasteur vigilant et guide des humbles

En 1235, malgré ses résistances, Thibaut fut élu abbé des Vaux-de-Cernay, en remplacement de l’abbé Eudes. Il refusa d’abord avec larmes, ne se jugeant pas digne de guider des âmes, mais finit par céder à l’obéissance de ses supérieurs. Dès lors, il administra l’abbaye avec une ferveur toute paternelle : veillant à la régularité de la vie monastique, à la charité fraternelle, à la pureté des intentions.

Sous son abbatiat, l’abbaye connut une période de rayonnement spirituel exceptionnel. Il accueillait pèlerins, pauvres et malades avec une douceur bouleversante, descendant lui-même ouvrir la porte aux nécessiteux, lavant leurs pieds et partageant son pain. Il imposait la même charité à ses moines, disant : « Une abbaye qui ferme son cœur aux pauvres est une grange vide devant Dieu. »

Lui-même se dépouillait sans cesse. Une fois, un frère l’ayant vu donner son manteau à un lépreux, osa lui reprocher sa légèreté. Thibaut répondit simplement : « Il ne faisait que le réclamer, car je le tenais en dépôt pour lui. »

Mais son renom de sainteté, son discernement et sa prudence dans la direction des âmes dépassèrent vite les murs de Vaux-de-Cernay. L’évêque de Paris, Guillaume d’Auvergne, docte prélat et conseiller du roi, lui confia vers 1235 la direction spirituelle des moniales de Port-Royal, tandis qu’en 1236, Thibaut reçut la délicate mission d’inspecter l’abbaye féminine de la Joie-lès-Nemours. Peu après, le chapitre général de l’ordre cistercien (1237) le chargea de la supervision de Notre-Dame du Trésor, abbaye du Vexin, puis encore de la communauté masculine du Breuil-Benoît, près d’Évreux.

Ces charges multiples, bien qu’acceptées par fidélité à l’obéissance monastique, furent pour lui une épreuve douloureuse, car elles l’éloignaient de son cloître bien-aimé. Il confia un jour, dans une prière brûlante d’ardeur mystique :

« Ô mon âme, ton Bien-Aimé, celui que tu cherches et que tu désires n’est pas ici ; retournons, je te prie, à Vaux-de-Cernay, c’est là que tu le trouveras, que tu converseras avec lui et que tu auras le bonheur de le voir par la foi dans l’oraison, en attendant que tu le voies face à face et tel qu’il est en lui-même. Retourne, Sunamite, à ton monastère, retournes-y promptement, et là tu adoreras ton Dieu avec plus de dévotion et de sûreté ! »

Cette parole révèle un cœur tout consumé par le désir de Dieu, un cœur qui trouvait dans le cloître non pas un repli, mais le centre du monde, le lieu où s’unissent l’homme et le ciel. Son obéissance n’était jamais une fuite, mais toujours un acte d’amour. Ainsi, même dispersé dans des charges extérieures, saint Thibaut restait tout entier ancré en Dieu, et dans l’âme profonde de son abbaye.

🛡️ Un conseiller des princes, mais sans flatterie

Bien que retiré du monde, Thibaut ne pouvait éviter les sollicitations des grands. Des seigneurs, des évêques, et même le roi Louis IX, futur saint Louis, vinrent le consulter. Il conseillait sans flatterie, tenant bon sur les questions de justice, d’humilité et de vérité. On rapporte qu’il osa reprendre un baron pour sa cruauté envers ses serfs, et que celui-ci, frappé de repentir, rétablit ses droits coutumiers.

Il soutint aussi la réforme ecclésiastique voulue par le pape Grégoire IX, encourageant le retour à la stricte observance dans les monastères trop relâchés, tout en s’opposant à la sécheresse morale de certains réformateurs autoritaires. Son équilibre le rendait précieux : doux mais ferme, mystique mais enraciné.

🕯️ Un abbé priant pour sa patrie

En ces années marquées par les tensions féodales et les débuts de la croisade contre l’hérésie cathare, Thibaut intensifia sa prière pour le royaume. Il priait pour le roi, pour les enfants abandonnés, pour les prisonniers et les soldats. Lors de la grande disette de 1241, il ouvrit les greniers de l’abbaye et fit venir de Chartres des vivres pour les pauvres de la vallée, au risque d’appauvrir la communauté.

Certains le disaient thaumaturge : il aurait guéri un enfant aveugle en le bénissant avec de l’eau bénite, et prédit à un jeune novice sa mort prochaine, l’aidant à se préparer saintement. Mais lui-même ne parlait jamais de miracles.

Abbaye des Vaux de Cernay

Croquis représentant l'abbaye des Vaux de Cernay au XVIIème siècle


👑 Anecdote : Le lys du cloître et la couronne : Thibaut, saint Louis et Marguerite de Provence

À l’ombre des grands chênes de Cernay, le silence priant des moines n’était pas sans écho dans les hautes salles du palais capétien. Thibaut, devenu abbé des Vaux-de-Cernay en 1235, rayonnait déjà par son humilité rayonnante et sa ferveur rigoureuse. Sa réputation de sainteté franchit les murs du monastère, et parvint jusqu’à la reine Marguerite de Provence, jeune épouse de Louis IX, alors encore sans enfant. Dans une époque où le trône attendait ardemment un héritier, l'intercession d’un moine réputé pour sa pureté et sa prière était plus précieuse qu’une légion.

Aux alentours de l’an de grâce 1240, le roi saint Louis et la reine Marguerite sollicitèrent donc la venue de l’abbé Thibaut. Celui-ci accepta de prier pour leur stérilité apparente, et surtout, à leur demande, bénit l’eau de la fontaine sacrée de l’abbaye de Cernay, y puisant la force d’intercéder pour le couple royal. Ce geste, empreint de foi plus que de cérémonie, fut le canal du miracle : peu après, le 11 juillet 1240, la reine mit au monde une fille, la princesse Blanche, considérée alors comme l’enfant de la prière.

Ce prodige inaugura une longue postérité : Marguerite enfanta onze enfants, autant de lys promis que l'on retrouva plus tard dans une célèbre gravure du XVIIIe siècle de Joseph-Marie Vien, figurant saint Thibaut offrant un lys à onze tiges à la reine en remerciement céleste.

Touché par cette grâce, le roi Louis IX manifesta sa reconnaissance par des dons royaux à l’abbaye, mais surtout, il conserva envers l’abbé une estime profonde et fidèle. C’était là bien plus qu’une simple faveur politique : c’était l’alliance scellée entre la couronne et la prière, entre le pouvoir temporel et la lumière spirituelle des cloîtres.

« Que votre prière enfante un royaume, et que votre silence parle au cœur des rois. » – maxime cistercienne apocryphe

 

Vitrail représentant Saint Thibaut de Marly avec Saint Louis et Marguerite de Provence agenouillé

3. ✝️ Le dernier combat du moine-soldat : la fin de vie de saint Thibaut

Thibaut de Marly, abbé des Vaux-de-Cernay depuis 1235, avait mené toute sa vie comme un chevalier du silence, un lutteur de l’esprit dans la règle cistercienne. Il n'était pas de ces saints baignés de miracles éclatants, mais de ceux dont la persévérance opiniâtre est un feu sacré.

Sa santé, fragile dès sa jeunesse, s’affaiblissait à mesure que son âme gagnait en force. De multiples maladies l’éprouvaient : fièvres longues, douleurs aux jambes, faiblesse des reins, comme le rapporte la chronique monastique du temps. Malgré cela, jamais il ne manqua l’office, jamais il ne quitta la stalle du chœur, où l’on le voyait prostré, les bras en croix, transpirant de douleur mais priant encore.

Vers 1246, les signes de la mort approchaient, mais Thibaut, fidèle jusqu’au bout à l’idéal cistercien, refusa toute douceur dans ses derniers jours : pas de lit moelleux, pas de soulagement. Il exigea de mourir à même la cendre, vêtu du simple froc de laine rude, comme un pénitent en marche vers la miséricorde. Un des moines témoigna plus tard :

« Il voulut mourir comme il avait vécu, pauvre, pur, et crucifié. »

Il s’éteignit ainsi, le 8 décembre 1247, jour de l’Immaculée Conception, comme un symbole, lui qui toute sa vie avait recherché la pureté de cœur. Sa dernière parole aurait été :

« Seigneur, que mon âme soit à Toi, comme mon corps fut au service de Ton Église. »

Sa mort plongea l’abbaye dans un silence lourd de sainteté, mais bientôt éclata un élan populaire : des miracles furent signalés sur sa tombe, des malades venus en procession affirmaient être guéris. Les Vaux-de-Cernay devinrent un lieu de prière et de pèlerinage. Le tombeau du saint abbé, simple dalle de pierre, devint un autel de ferveur, une source vive pour les âmes affamées d’exemple.

Dalle funéraire de Saint Thibaut de Marlyà Vaux de Cerney


4. 👑 Un saint pour l’autel et pour le trône : canonisation, culte et postérité de Thibaut de Marly

Dès les jours qui suivirent sa mort, en décembre 1247, la renommée de sainteté de Thibaut de Marly se propagea comme un encens invisible. Les pèlerins affluaient à Vaux-de-Cernay, et l'on commença bientôt à rapporter de nombreux miracles sur sa tombe : guérisons de fièvres, délivrances de maux paralysants, secours dans les grossesses difficiles. La chronique des Vaux-de-Cernay note qu’on vint jusqu’d’Angleterre, d’Allemagne et d’Aragon pour vénérer le bienheureux abbé. Le tombeau, modeste dalle de pierre dans l’abbatiale, devint un centre vivant de prière

La communauté, les évêques d’Île-de-France et même les proches du roi demandèrent sa canonisation. Le roi Saint Louis lui-même, qui avait été frappé par la douceur et la force intérieure de l’abbé, appuya cette cause. Il avait vu en Thibaut un modèle de fidélité à Dieu et au roi, un compagnon spirituel du royaume de justice qu’il rêvait de bâtir.
Le fils de Saint Louis, Philippe III le Hardi, ainsi que sa femme le Reine Isabelle d'Aragon puis la Reine Marie de Brabant iront également sur la tombe de Saint Thibaut de Marly à plusieurs reprises avec leurs enfants (dont le futur Roi Philippe IV le Bel).

En 1270, à peine 23 ans après sa mort, le pape Grégoire X proclama la canonisation de Thibaut, reconnaissant la pureté de sa vie, la constance de son obéissance et la vérité des miracles posthumes. La fête liturgique fut fixée au 8 décembre ou 7 décembre, jour de son trépas. Elle fut étendue à plusieurs diocèses de France, en particulier celui de Paris et de Chartres.
Et le 29 septembre 1710, le Pape Clément XI confirma la canonisation de Saint Thibaut de Marly.

Le culte de saint Thibaut s’enracina profondément dans la région des Yvelines. Il fut honoré dans toutes les fondations cisterciennes proches, en particulier aux Vaux-de-Cernay, mais aussi à Port-Royal, qu’il avait tant guidé, et dans plusieurs paroisses rurales où des chapelles lui furent dédiées. Sa vie devint un modèle pour les moines et abbés cisterciens, mais aussi pour les clercs proches du pouvoir, car Thibaut avait su allier service du roi et service de Dieu, sans jamais trahir le silence du cloître.

Les Vaux-de-Cernay, longtemps après sa mort, continuèrent à célébrer sa mémoire avec ferveur. Au XIVe siècle encore, des prières spéciales étaient chantées en sa mémoire, et son tombeau était fleuri le jour de sa fête. Même après les ravages de la guerre de Cent Ans et les troubles du XVIe siècle, son nom resta vivant. Dans les siècles suivants, alors que Port-Royal devenait un centre du jansénisme, certains solitaires évoquaient encore la mémoire de Thibaut comme celle d’un moine parfait, doux et fidèle.

Mais vient l'évènement tragique que fut la Révolution Française de 1789, où la haine anti Catholique a envahi les esprits des quelques sans culottes minoritaires et autres révolutionnaires, l'abbaye des Vaux de Cerney est détruite en partie (en 1791), et les reliques de Saint Thibaut de Marly sont brûlées. Seul reste son crâne qui se trouve à l'heure actuelle dans la chapelle Sainte-Marie dans l'église Saint Brice de Cernay la Ville.

Au XIXe siècle, dans le mouvement de redécouverte des saints oubliés, Dom Guéranger mentionna brièvement son culte dans ses travaux de restauration bénédictine. Aujourd’hui encore, une rue de Marly-le-Roi porte son nom, et dans les ruines de l’abbaye des Vaux-de-Cernay, transformées en domaine privé, un souvenir discret continue de flotter parmi les pierres : celui d’un moine, noble et simple, qui crut que Dieu seul suffisait.

Saint Thibaut de Marly, moine enflammé, abbé humble, conseiller des rois et berger des âmes, brille dans le ciel des saints français comme un astre paisible. Il n’a pas fondé d’ordre, il n’a pas levé d’armée, il n’a pas parlé aux foules. Mais il a aimé Dieu dans le silence, il a porté les fardeaux de l’obéissance, il a gardé la fidélité quand beaucoup fuyaient. Et c’est pourquoi l’Église l’a mis sur les autels.

Église Saint Brice de Cernay, où repose le crâne de Saint Thibaut de Marly



lundi 7 juillet 2025

Ralph Milner, laboureur de Dieu : un père, une potence, une couronne

  Ralph Milner, laboureur de Dieu : un père, une potence, une couronne

Statue représentant Ralph de Milner


1. 🏡 Un fils d’Angleterre dans une patrie déchirée : la jeunesse de Ralph Milner

Ralph Milner, ou Raoul Milner, naquit au cours de la première moitié du XVIe siècle, probablement dans les années 1540 ou 1550, dans le village de Slackstead, au cœur du Hampshire, région paisible du sud de l’Angleterre. Issu d’un milieu modeste de paysans, il fut élevé dans la simplicité des travaux manuels, au rythme des saisons et des corvées champêtres. Son éducation fut presque inexistante : on dit de lui qu’il était quasiment illettré, n’ayant appris que quelques rudiments de lecture, mais pétri de ce bon sens rustique et de cette loyauté naturelle qui animent les hommes de la terre.

Or, si la vie de Ralph enfant était humble, le monde qui l’entourait, lui, était en feu. L’Angleterre vivait l’une de ses plus grandes tempêtes spirituelles : la Réforme anglicane déchirait l’unité de la Chrétienté, et les campagnes subissaient les contrecoups des décisions de Londres. Depuis qu’Henri VIII avait rompu avec Rome en 1534 pour fonder l’Église anglicane, la nation oscillait entre ruptures et répressions, au gré des souverains successifs. Sous Édouard VI, les protestants radicaux imposèrent de nouveaux rites. Sous Marie Tudor, le catholicisme revint dans les flammes des bûchers de protestants. Mais c’est sous Élisabeth Ire (reine de 1558 à 1603), que Ralph atteignit l’âge d’homme, et que les persécutions contre les catholiques devinrent plus subtiles et cruelles.

En 1559, la reine imposa l’Acte de Suprématie, qui proclamait l’anglicanisme religion d’État, et exigeait que tout sujet prête un serment de fidélité à la souveraine comme « gouverneur suprême de l'Église d’Angleterre ». Refuser ce serment, c’était devenir un hors-la-loi. Et pourtant, dans les campagnes, malgré l’absence de prêtres et les menaces, les « papistes » persistaient dans la foi ancestrale, tenant bon dans l’ombre.

Le jeune Ralph, lui, fut élevé dans cette Angleterre conformiste, où les offices protestants étaient obligatoires. Il fréquenta, sans doute sans zèle, les cultes anglicans, comme tous ceux qui n’osaient pas défier la Couronne. C’est pourquoi sa conversion future au catholicisme, sur laquelle nous reviendrons, n’en sera que plus bouleversante : ce n’est pas un catholique de tradition qui mourra martyr, mais un homme du peuple venu tardivement à la vérité, sans avoir jamais étudié, sans être passé par un prêtre, mais conduit par la grâce mystérieuse et invincible de Dieu.

Ainsi s’ouvrit la vie de Ralph Milner, dans un royaume divisé, sous un ciel de menaces. Un homme simple, ordinaire, que rien ne destinait à la sainteté, sinon l’appel brûlant du Christ crucifié.


2. ✝️ De l’ombre à la lumière : la conversion de Ralph Milner et son ministère caché

Ce n’est qu’à l’âge mûr, après avoir fondé une famille nombreuse (huit enfants) que Ralph Milner, humble laboureur anglican, entendit l’appel du Christ dans l’Église catholique. Cette conversion, à la fois tardive et totale, fut un basculement intérieur, une renaissance mystique, qui s’opéra au fil des rencontres et de l’observation du courage des prêtres missionnaires. Les persécutions, loin de dissuader son âme, éveillèrent en lui le désir de la vérité pleine et entière, non celle que l’État voulait imposer, mais celle que l’Église romaine gardait en dépit des cachots et des potences.

Lui, l’homme simple et silencieux, ne lut pas les Pères de l’Église ni Thomas d’Aquin. Mais il lut les visages. Les larmes des fidèles privés de messe. Les prêtres bravant la mort pour confesser. Il lut, dans la ferveur de quelques foyers secrets, la sainteté du pain consacré. Et cela suffit. Un jour, il demanda le baptême catholique et fit sa première communion.

Mais à peine avait-il goûté au Corps du Christ que les autorités locales, l’ayant repéré, l’arrêtèrent. La réception des sacrements romains était un crime : le simple fait d’avoir été baptisé et d’être allé à la messe valait emprisonnement. On le jeta donc dans les geôles de Winchester.

Et pourtant, là encore, Ralph transforma sa prison en sanctuaire. Par sa douceur, sa loyauté, sa serviabilité, il gagna la confiance des gardiens. On alla jusqu’à lui confier une partie des clés des cellules. Là où tant d’autres se seraient échappés, Ralph resta. Et il ouvrit les portes… aux prêtres. L’un d’eux, le Père Roger Dicconson, put ainsi entrer à la faveur de la nuit et célébrer clandestinement la messe pour les prisonniers.

Ralph devint alors le diacre du silence. Il guidait les prêtres dans les couloirs. Il préparait les fidèles à la confession. Il servait la messe dans l’ombre, et distribuait les vivres, les missels, les bréviaires cachés. Il devenait les mains et les pieds de l’Église, comme un autre saint Joseph dans les ténèbres du cachot. Son ministère n’avait ni étole ni titre, mais portait en lui l’éclat du martyre en gestation.

Et l’on disait dans les cercles catholiques du Hampshire :

« Si tu veux la messe, demande à Ralph Milner. Il te mènera à Dieu. »

Mais cette activité ne pouvait échapper longtemps aux regards. Trahi, ou simplement surveillé, Ralph fut de nouveau arrêté, cette fois aux côtés du prêtre qu’il servait. On le mena devant le juge, où l’on tenta de l’ébranler : on fit venir ses enfants, espérant le briser par l’amour paternel.

Mais l’homme de terre, le père aimant, le prisonnier fidèle, déclara sans trembler qu’il ne trahirait ni Dieu ni Rome. Il bénit ses enfants une dernière fois, refusa d’assister à un office protestant, et accepta le glaive.

Vitrail représentant Saint Ralph


3. ⚔️ La corde et la couronne : le martyre de Ralph Milner

Nous sommes en juillet 1591. Dans les geôles de Winchester, Ralph Milner attend son jugement aux côtés du Père Roger Dicconson, prêtre catholique anglais revenu clandestinement de Douai pour desservir les fidèles abandonnés. Tous deux ont été arrêtés ensemble, Ralph pour avoir guidé et assisté les prêtres dans leur ministère, Roger Dicconson pour avoir célébré la messe. L’heure n’est plus aux interrogatoires : la sentence est connue.

Les deux hommes sont condamnés à mort. Pour Ralph, l'accusation est simple : avoir rejeté l'Église anglicane, avoir refusé d’assister aux offices protestants, et surtout, avoir persisté dans la foi catholique malgré les sommations. On lui propose la vie sauve s’il accepte, une seule fois, d’entrer dans un temple anglican. Ce serait suffisant pour qu’on le gracie.

Mais Ralph refuse. Il ne débat pas. Il ne proteste pas. Il offre son silence et sa constance. Il sait que derrière lui, ses enfants l’observent. Et il veut leur léguer un témoignage d’amour éternel, pas un reniement. On lui donne l’occasion de revoir sa famille : il bénit chacun de ses enfants, avec cette paix que Dieu donne à ceux qui Le suivent jusqu’au bout. On dit que ses derniers mots à ses enfants furent :

« Tenez-vous près du Christ, et Il vous tiendra près du Ciel. »

Le 7 juillet 1591, les deux condamnés sont amenés au lieu d’exécution de Winchester. Selon les lois en vigueur sous Élisabeth Ire, les prêtres étaient condamnés à la pendaison, éviscération et démembrement. Ralph, étant laïc, subit « seulement » la pendaison. Il meurt avec une grande paix, priant pour ses enfants, pour l’Église, et même pour ses bourreaux.

Le Père Dicconson, à son tour, va jusqu’au bout du supplice, mutilé vivant comme le furent tant de prêtres catholiques en Angleterre à cette époque. Leur sang se mêle sur la potence, unis dans la confession de foi.

Ralph Milner n’était ni prêtre, ni noble, ni théologien. Il était un paysan illettré, un père de famille, un homme sans armes ni éloquence. Mais par la constance de sa foi, par son humilité active, par son refus serein d’un mensonge officiel, il entra dans la gloire des martyrs.

Il fut béatifié par Pie XI en 1929, en même temps que plusieurs autres martyrs anglais.

Saints martyrs anglais et gallois


4. 🌿 L’héritage discret mais impérissable de Saint Ralph Milner

Le culte de Ralph Milner est, à l’image de sa vie, silencieux et profond, enraciné dans cette Angleterre catholique souterraine qui pleura ses martyrs mais ne renonça jamais. Canonisé non par la clameur des foules mais par la constance des humbles, Ralph est fêté le 7 juillet, avec le Père Roger Dicconson, son compagnon de martyre. Son nom est inscrit dans la liste sacrée des Quarante Martyrs d'Angleterre et du Pays de Galles, canonisés par le Pape Paul VI le 25 octobre 1970.

On vénère aujourd’hui sa mémoire dans plusieurs paroisses anglaises, notamment dans le diocèse de Portsmouth. Des vitraux et plaques commémoratives rappellent son nom, souvent associé à celui de ses enfants, pour souligner que le témoignage familial peut devenir force d’Église. On le considère comme le modèle des laïcs fidèles et des pères de famille chrétiens : ni héros de croisade, ni docteur de la foi, mais serviteur de l’autel dans l’obscurité.

Il est aussi le patron de ceux qui exercent une mission sans reconnaissance officielle : catéchistes clandestins, porteurs de missels dans les pays persécutés, guides de prêtres dans les dictatures. Bref, tous les soutiers de la foi, tous les anonymes du Royaume, peuvent se reconnaître en Ralph Milner.

« Il n’éleva pas la voix dans les rues, mais il marcha droit vers la Croix. »

Dans une époque comme la nôtre, où l’on cherche des témoins discrets et solides, Ralph Milner est un roc. Le Concile Vatican II, dans Lumen Gentium, rappela que la sainteté n’était pas réservée aux clercs. Lui, laboureur et père, l’avait prouvé trois siècles plus tôt, avec le sourire de la fidélité et la noblesse d’un martyre sans épée.


Retable des martyrs du Pays de Galles canonisés en 1970 par Paul VI

🙏 Prière aux saints Ralph et Roger, martyrs de la foi anglaise

Saint Ralph, père fidèle,
Saint Roger, prêtre courageux,
vous avez marché ensemble vers l’échafaud,
les yeux levés vers le Royaume qui ne passe pas.

Dans l’ombre de l’Angleterre persécutée,
vous fûtes lumière pour les âmes,
pain pour les affamés du Christ,
et compagnons des anges sur le chemin du martyre.

Obtenez-nous la force d’aimer sans peur,
la paix dans les épreuves,
et la fidélité au Nom de Jésus,
jusqu’au dernier souffle.

Par vos mérites, que notre foi ne défaille pas.
Amen.


dimanche 6 juillet 2025

Sainte Mariette, martyr de la pureté

 Sainte Mariette, martyr de la pureté

Sainte Mariette


1. 🌾 Une fleur pauvre et pure sur les marais pontins : l’enfance de Mariette

Dans l’Italie de la fin du XIXe siècle, écrasée par l’unification brutale et la pauvreté rurale, naissait à Corinaldo (province d’Ancône), le 16 octobre 1890, une petite fille appelée Maria Goretti, que ses proches surnommeraient tendrement Marietta. Fille de Luigi Goretti, ouvrier agricole, et d’Assunta Carlini, femme pieuse et courageuse, elle grandit dans une famille de paysans pauvres mais unie, où l’on apprenait très tôt à peiner pour vivre, à prier pour tenir, et à aimer Dieu comme seul véritable héritage.

Son enfance fut rude, rythmée par la faim, les déménagements et les corvées. En 1897, dans l’espoir d’un avenir meilleur, les Goretti quittèrent leur terre natale pour rejoindre d’autres paysans dans la recolonisation des Marais Pontins, terres marécageuses et insalubres situées au sud de Rome, à proximité de Nettuno. Ce projet d’assèchement, initié par le gouvernement italien, attirait des familles pauvres, prêtes à vivre dans des conditions extrêmes. Là, les Goretti partagèrent une maison et un travail avec une autre famille de métayers : les Serenelli, composée du père Giovanni et de son fils Alessandro, adolescent taciturne de 16 ans.

À cette époque déjà, Marietta, bien que n’ayant que huit ou neuf ans, se distingue par une piété rayonnante et une grande maturité. Tandis que sa mère Assunta s’épuise aux champs pour subvenir aux besoins de la maisonnée, Marietta assume le ménage, la garde des petits, la cuisine, la lessive. Elle n’a jamais été à l’école. Elle ne sait ni lire ni écrire. Mais dans l’école silencieuse de la prière, elle est une étoile. Elle récite son rosaire quotidien, suit avec ferveur les messes dominicales, et attend avec un grand désir le jour de sa Première Communion, qu’elle recevra en 1901, à 11 ans, dans une ferveur rare, après avoir appris par cœur le catéchisme.

La famille vit dans une extrême pauvreté. Luigi Goretti, le père, meurt de la malaria en 1900, laissant Assunta seule avec six enfants. C’est alors que Mariette devient pleinement la petite maîtresse de maison. Elle ne se plaint jamais, elle offre tout. Elle prend soin de ses frères et sœurs comme une mère, et dit souvent :

« J’aime Jésus et je veux l’aimer toujours. Je préfère mourir plutôt que de pécher. »

Les villageois de Ferriere di Conca, à quelques kilomètres de Nettuno, la remarquent : elle est silencieuse mais joyeuse, douce et courageuse. Le curé local témoigna plus tard qu’elle venait souvent, pieds nus, l’aube au front, demander l’Eucharistie à la chapelle malgré les kilomètres, la fatigue, les piqûres de moustiques, la faim.

Mais dans l’ombre de cette petite sainte en herbe, une menace couvait.

Le jeune Alessandro Serenelli, de huit ans son aîné, nourrissait envers elle une obsession trouble, alimentée par des lectures obscènes, la solitude et le péché. Il observait Mariette. Il tenta de l’approcher, de l’effleurer, de lui parler à voix basse. Mais elle, avec cette fermeté virginale qu’ont les âmes droites, l’évitait et, sans dénoncer, se taisait par charité, tout en s’éloignant prudemment. Elle pressentait le danger, mais sans jamais perdre sa paix ni sa pureté.

Ce fut dans cet écrin fragile (pauvreté, orphelinat, travail, foi profonde) que grandit Mariette la martyre, enfant candide, fortifiée par l’Eucharistie et la prière. À peine une fillette, déjà une âme conquise à Dieu.

Et c’est dans cette vie humble et cachée que s’annonce le drame, car le lys que le ciel avait planté brillait trop fort pour les ténèbres du monde.

Portrait de Sainte Mariette, de Giuseppe Brovelli, en 1929


2. 🩸 Le martyre d’une enfant : fidélité jusqu’au sang

Nous sommes le 5 juillet 1902, au cœur d’un été brûlant et marécageux à Ferriere di Conca, dans le Latium. Le soleil tape sur les murs de la petite maison paysanne que partagent, dans la misère, les Goretti et les Serenelli. Assunta est partie au champ, comme chaque jour, laissant les plus petits sous la garde de Mariette, âgée de 12 ans et 9 mois.

Dans la maison, Alessandro Serenelli, vingt ans à peine, ruminant depuis des mois une passion dévoyée, guette la moindre absence. Il sait que Marietta est seule. Il entre. Il referme la porte. Dans sa main, une lime de cordonnier, longue et tranchante.

Il tente alors de contraindre l’enfant à une union charnelle. Elle se débat, le supplie, le conjure au nom de Dieu. Elle s’écrie :

« Non, Alessandro ! C’est un péché ! Tu iras en enfer ! »

Devant ce refus répété, devant cette résistance sainte d’un cœur pur, Alessandro, fou de rage, la poignarde à coups répétés (14 coups, selon les rapports) dans le ventre, la poitrine et le cou. Elle s’écroule dans une mare de sang. Elle agonise dans la poussière, seule, les yeux tournés vers la croix de son mur.

Alertés par les cris de l’un des petits enfants, des voisins accourent. On trouve Mariette haletante, baignant dans son sang. Elle est transportée à l’hôpital de Nettuno, à 20 kilomètres de là, dans une charrette tirée par des paysans. Elle souffre atrocement. Mais jamais elle ne se plaint. Elle prie. Elle murmure les noms de Jésus et de Marie.

Le chirurgien tente une opération à vif, sans anesthésie, car son état est trop critique. Elle endure, muette et digne, cette couronne d’épines de douleur, unie à la Passion du Christ.

Puis, dans un souffle, alors qu’un prêtre lui demande si elle pardonne à son assassin, elle répond d’un murmure clair :

« Oui, je lui pardonne pour l’amour de Jésus et je veux qu’il vienne au Paradis avec moi. »

Ce sont ses derniers mots. Elle meurt le 6 juillet 1902, à l’aube, entourée de sa mère et du curé. Elle avait douze ans et neuf mois.

Son corps fut enterré dans le petit cimetière de Nettuno. Aujourd’hui, ses reliques reposent dans le sanctuaire Sainte-Marie-des-Grâces, dans une châsse de verre, vêtue de blanc, comme une enfant de première communion.


Statut représentant Maria Goretti (Sainte Mariette) dans une église de Belgique

⚖️ Le procès d’Alessandro : le début de la conversion

Arrêté, jugé, Alessandro est condamné à 30 ans de réclusion. Il est d’abord dur, froid, sans remords. Mais quelques années plus tard, il vit en songe une vision bouleversante : Mariette lui apparaît en blanc, souriante, dans un champ fleuri, et lui tend des lys qu’il reçoit un à un jusqu’à douze. À son réveil, son cœur est brisé.

Il demande pardon. Il se convertit profondément. Il devient un prisonnier pieux, doux, priant. À sa libération, il se rend chez Assunta, la mère de Maria, se jette à ses pieds et lui demande pardon. Elle l’embrasse et lui dit :

« Mariette t’a pardonné, comment pourrais-je ne pas te pardonner moi aussi ? »

Il finira ses jours en tant que frère convers capucin, humble jardinier dans un couvent, assistant même à la canonisation de Marietta en 1950, le cœur broyé de gratitude et de pénitence.


Alessandro Serenelli, demandant pardon à Dieu et Sainte Mariette

3. ✨ La canonisation et le culte de Sainte Mariette : la pureté comme flamme pour les temps modernes

Dès sa mort, l’histoire de Mariette se répand comme une traînée d’encens dans les églises d’Italie. Son nom est sur toutes les lèvres. Les lettres affluent. Des miracles sont signalés, des grâces obtenues, des vocations réveillées. La rumeur sainte enfle, et l’Église ouvre dès 1935 le procès de béatification.

Le 24 juin 1950, devant une foule de plus de 500 000 fidèles réunis place Saint-Pierre, le pape Pie XII élève Mariette aux autels et la canonise solennellement. Ce fut un événement sans précédent : c’est la première fois dans l’histoire de l’Église qu’un canonisé est accompagné par sa propre mère encore vivante, Assunta, assise au premier rang, vêtue de noir, les larmes au bord des paupières mais le cœur brûlant d'espérance.

Dans son homélie, le Pape Pie XII s’exclame, bouleversé :

« Une fillette frêle de douze ans, a su résister à l’assaut brutal, préférer mourir plutôt que pécher... Que les pères, les mères, les éducateurs, les jeunes... méditent ce triomphe du Cœur pur. »

Les miracles ne cessèrent pas après sa mort. De nombreux témoignages font état de guérisons physiques ou spirituelles par l’intercession de Mariette : infertilité vaincue, blessures guéries, addictions surmontées, cœurs endurcis changés par sa prière.

L’un des plus marquants fut celui de Serafina Cinque, guérie d’un cancer en phase terminale à Rome après avoir prié avec ferveur sainte Maria Goretti. Ce miracle fut retenu pour la canonisation.

Mais au-delà des signes visibles, c’est surtout une moisson de conversions silencieuses qu’elle inspira : milliers de jeunes embrassant la chasteté, vocations religieuses ravivées, familles réconciliées, criminels repentis.

Les reliques de Mariette reposent dans la basilique Notre-Dame des Grâces de Nettuno, rebâtie pour elle. Chaque année, le 6 juillet, des pèlerins du monde entier viennent honorer l’innocente héroïne. Les enfants communient en blanc, les familles prient ensemble, et l’on invoque la sainte dans les combats de la jeunesse moderne.

Châsse de Sainte Mariette


4. 🌹 L’héritage de Sainte Mariette : la pureté héroïque au service du monde blessé

🌍 Une sainte pour notre temps : modèle de courage et de pardon

Dans un siècle qui a vu les tranchées, les camps, l’avortement banalisé et la pornographie triompher et même l'euthanasie aujourd'hui, ainsi que la perte des valeurs familiales, Sainte Mariette s’impose comme un étendard inverse. Elle n’est pas une douce image pieuse figée dans le vide. Elle est une rebelle contre la corruption morale, une militante céleste de la chasteté, une enfant qui a dit non, quand l’humanité disait oui à tout.

Elle est devenue la patronne des victimes de viol, des jeunes filles en détresse, de la pureté et du pardon héroïque. Son nom est invoqué dans des retraites spirituelles, des séminaires sur la chasteté, des mouvements pro-vie. Sa vie est lue dans les camps scouts, méditée dans les écoles catholiques, imitée dans le silence de bien des vocations féminines.

🧵 Culture populaire et art sacré

Sainte Mariette a inspiré de nombreux artistes et auteurs, notamment :

  • Le film italien "Cielo sulla palude" (Le ciel sur la marécage), réalisé en 1949 par Augusto Genina, qui remporta un Lion d’or à la Mostra de Venise.

  • Des œuvres musicales comme l’"Hymne à Sainte Maria Goretti", chanté lors de son procès de canonisation.

  • Des peintures et fresques modernes à Nettuno, dans des écoles et chapelles, la représentant vêtue de blanc, tenant un lys et une palme de martyr.

📚 Écoles, paroisses, congrégations

Partout dans le monde, son nom fleurit sur des frontons d’églises :

  • Église Sainte-Maria-Goretti à Rome, Toronto, Chicago, Dakar…

  • Congrégations féminines lui sont dédiées, comme les Filles de Maria Goretti en Afrique ou les Sœurs de la Vierge Martyre en Inde.

  • Des fondations caritatives, comme la Maria Goretti Network, accompagnent les survivants d’abus sexuels dans une perspective de pardon et de reconstruction chrétienne.

📖 Témoignage éternel

Enfin, Sainte Mariette est une réponse silencieuse mais radicale aux grandes maladies de notre époque :

  • L’hypersexualisation des enfants,

  • La haine du corps,

  • La perte du sens du péché,

  • L'oubli des valeurs chrétiennes,

  • L’oubli de la grâce.

Elle rappelle que le cœur d’un enfant peut être plus fort que l’orgueil d’un empire, et qu’une fillette analphabète peut renverser les puissants par sa fidélité au Christ. Elle est la Jeanne d’Arc des innocents, la petite Thérèse des campagnes italiennes. Il ne faudra jamais oublié sa maturité incroyable pour son âge, où elle pardonne à son assassin alors qu'elle est dans l'agonie, par amour du Christ.

Sanctuaire de Nettuno, où reposent les reliques de Sainte Mariette


♰ Prière à Sainte Mariette


Enfant de Dieu
toi qui a connu très tôt
la misère et la peine
la souffrance et les joies de la vie:
toi qui as été pauvre et orpheline
toi qui as aimé infatigablement
ton prochain
en te faisant servante humble et empressée
toi qui as été brave sans être orgueilleuse
toi qui as aimé l'amour
par-dessus tout:
toi qui a versé ton sang
pour ne pas trahir ton Dieu
toi qui as pardonné ton assassin
désirant pour lui le paradis:
interviens et prie pour nous
auprès du Père
afin que nous acceptions le dessein
que Dieu a réalisé pour nous
toi qui es l'amie de Dieu
et tu est face à Lui
ottiens de Lui la grâce que nous te demandons.
Nous te remercions, Marietta
de l'amour
pour Dieu et tes frères
que tu as déjà semé dans notre coeur.

Amen

(Evangelium-vitae.org)

Sainte Amandine de Schakkebroek

 Sainte Amandine de Schakkeboerk Sainte Amandine 👶 1. Une enfance simple et lumineuse dans les plaines de Flandre (1872–1891) Sainte Amand...