📜 Saint du jour :🕊️ Saint Benoît-Joseph Labre
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Tableau de Saint Benoît-Joseph dans l'Église d'Amettes (Nord Pas de Calais) |
Modèle de pauvreté, pèlerin infatigable, fol en Dieu
En ce 16 avril, l’Église honore un saint étrange aux yeux du monde, mais lumineux pour les cœurs humbles : Benoît-Joseph Labre, mendiant de Dieu, pèlerin des sanctuaires, vagabond céleste qui n’a jamais eu d’autre richesse que sa foi, ni d’autre patrie que le ciel.
Né en 1748 à Amettes, dans l’Artois, dans une famille nombreuse et profondément chrétienne, Benoît-Joseph est élevé dans une atmosphère de prière et de travail. Dès l’adolescence, il se sent appelé à une vie de pénitence et de solitude. Il tente d’entrer dans plusieurs monastères, notamment chez les chartreux et les trappistes, mais son état de santé fragile et son tempérament peu compatible avec la régularité monastique font qu’on le renvoie. Il comprend alors que Dieu l’appelle non pas à se sanctifier derrière les murs d’un cloître, mais à suivre le Christ pauvre sur les routes.
À 22 ans, il se fait pèlerin, renonçant à tout, même à son nom : désormais, il n’est que "le pauvre de Jésus-Christ". Il parcourt l’Europe à pied, sans argent, vêtu d’un manteau rapiécé, une croix en bois autour du cou, un rosaire au poignet et un Nouveau Testament dans la poche. Il visite les grands sanctuaires : Lorette, Assise, Subiaco, Naples, Bari, Einsiedeln, Compostelle etc. Il se rend pas moins de treize fois à Rome, qu’il affectionne tout particulièrement. Là, il passe ses journées en adoration devant le Saint-Sacrement, souvent à l’église Sainte-Marie-des-Monts.
🕊️ Anecdote célèbre : le miracle du pain partagé
Un jour, alors qu’il errait dans les ruelles brûlantes de Rome, vêtu de son habit rapiécé et couvert de poussière, saint Benoît-Joseph fut abordé par un autre pauvre, aux traits creusés par la faim. Ce dernier, la voix tremblante, lui demanda un peu de pain. Benoît n’avait sur lui qu’un morceau durci, à peine comestible. Mais sans hésiter, il le partagea, offrant à l’autre moitié de son unique repas. Et voilà qu’à l’instant, devant plusieurs témoins, le pain se mit à se multiplier dans ses mains calleuses, comme dans l’Évangile. Il y en eut assez pour rassasier non seulement le mendiant, mais aussi d’autres nécessiteux qui s’étaient approchés. La foule, émerveillée, parla de miracle. Mais Benoît, baissant les yeux, gêné par tant d’attention, murmura simplement avec douceur : « Ce n’est pas moi. C’est le Bon Dieu. » Ce miracle ne fut ni isolé ni spectaculaire pour lui : il était la simple conséquence de sa foi vivante, d’une charité brûlante qui transformait l’ordinaire en sacré.
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Saint Benoît-Joseph partageant les aumônes qu'il a reçu |
💬 Influence et sainteté
Malgré son apparence misérable, Benoît-Joseph était un foyer ardent de paix et de lumière. Sa seule présence inspirait le recueillement et la foi. Dans la cité éternelle, il devenait un repère silencieux pour les âmes en quête de vérité. Il passait des heures en adoration à Sainte-Marie-des-Monts, absorbé dans une prière silencieuse et profonde, parfois dans un état quasi mystique. La nuit, il dormait à même la pierre, dans les ruines antiques du Colisée, où il priait pour les premiers martyrs chrétiens. Son ascèse n’était pas de théâtre, mais une offrande constante, un dépouillement choisi. Il ne prêchait pas, mais on venait à lui : prêtres tourmentés, jeunes hésitants, pauvres affligés, soldats blessés. À chacun, il offrait un regard, un mot, ou un simple geste qui touchait l’âme. Il ne cherchait jamais la renommée ; il fuyait même toute forme de reconnaissance, préférant le silence au bruit, l’ombre à la lumière. Et pourtant, sans discours, il enseignait plus que bien des docteurs de la foi.
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Maison où aurait habité Saint Benoît Joseph à Amettes |
🕯️ Mort et vénération
Au soir de sa vie, son corps déjà usé par les jeûnes et les marches incessantes commença à lâcher. Le 16 avril 1783, dans une rue de Rome, il chancela et tomba. Un boulanger du quartier, ému par cette figure qu’il avait souvent vue prier, le recueillit dans l’arrière-boutique. C’est là, sur un lit de fortune, qu’il rendit son âme à Dieu, après avoir prononcé les trois saints noms : « Jésus, Marie, Joseph. » À peine la nouvelle de sa mort fut-elle connue, que la ville s’émut. Le peuple afflua à ses funérailles comme on le fait pour un roi. Les miracles se multiplièrent autour de sa tombe, située dans l’église Sainte-Marie-des-Monts. Le pape Léon XIII, sensible à cette sainteté populaire, le canonisa en 1881. Son corps repose encore à Rome, dans une chapelle qu’éclairent les cierges et les larmes des pèlerins venus chercher réconfort et espérance.
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Le gisant de Saint Benoît Joseph, dans l'Église Santa Maia ai Monti |
🎖 Anecdote célèbre : la guérison du soldat
Parmi les miracles retenus pour sa canonisation figure celui d’un soldat français, gravement blessé à la jambe lors d’une campagne. Les médecins, impuissants, parlaient d’amputation. La nuit tombée, l’homme pria saint Benoît-Joseph, qu’il connaissait de réputation. Vers minuit, il vit en songe le saint s’approcher de son lit, lui sourire et poser doucement la main sur sa jambe. À son réveil, la douleur avait disparu. La jambe était guérie, saine et mobile. Les médecins eux-mêmes reconnurent l’impossibilité d’une telle récupération sans intervention divine. Cet événement fut décisif pour l’ouverture du procès en canonisation.
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Saint Benoît-Joseph parmi les pauvres au Colisée, représentation dans l'Église Sainte-Marie des Monts |
🌟 Le vagabond de Dieu
Saint Benoît-Joseph Labre demeure un signe de contradiction. Dans un monde qui vénère le confort, la vitesse, le paraître, lui vivait de prière, de silence, et d’abandon. Il est le saint des rejetés, le protecteur des âmes errantes, le frère silencieux des humiliés. Il est également le Saint patron des sans abris. Il enseigne que le vrai pèlerinage est celui du cœur, et que l’on peut être un géant de sainteté en n’ayant pour toit que le ciel étoilé. Il nous rappelle que les chemins de Dieu passent souvent par la poussière, la pauvreté et l’oubli. Mais c’est justement là, dans le silence du monde, que Dieu parle le plus fort.
✨ Citation
« Je suis un ver de terre, méprisable, mais aimé de Dieu. C’est tout mon trésor. »
Cette phrase, que saint Benoît-Joseph aurait souvent répétée, résume son humilité radicale et sa confiance absolue dans l’amour du Seigneur malgré sa condition terrestre.
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