Saint Martinien
Nous fêtons la Saint Martinien en mercredi 2 juillet.
Il a été converti grâce à Saint Pierre, il est le Saint Patron des geôliers.
Il a été martyrisé au Ier siècle avec son compagnon Saint Procès.
Nous rajouterons un point sur Saint Procès à la fin de l'article !
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Statue représentant Saint Martinien |
Le geôlier transformé : origine, jeunesse et conversion dans la Mamertine
Saint Martinian (ou Martinien) naît probablement au début du Ier siècle, dans une famille modeste de Rome, élevée dans la tradition militaire ou la fonction publique, qui l’amène à servir comme gardien dans la prison Mamertine, le célèbre « Tullianum » situé sous le Capitole, où furent détenus saint Pierre et saint Paul.
À cette époque, la Mamertine est la plus ancienne prison romaine, redoutée pour son oubliette et son austérité. Chargé de surveiller Pierre et Paul, Martinien est un soldat ou officier romain rompu à la discipline militaire, accepté dans cette tâche par son sens du devoir.
La rencontre décisive survient dans ce sombre cachot : selon la tradition, en l’an 62, Pierre, emprisonné, est miraculeusement libéré par un ange (Actes 12), qui brisa ses chaînes et ouvrit les portes. Impressionné, Martinien s’approche, curieux et bouleversé. L’un des récits les plus connus, développé par Dom Guéranger dans L’Année liturgique, raconte que Martinien est frappé d’admiration devant la vision du saint apôtre, s’ouvre à la foi et sollicite le baptême sur place. Pierre verse alors de l’eau sur la dalle de la prison, et une fontaine miraculeuse jaillit, qui jamais ne tarit.
Transformé, le gardien abandonne son uniforme et ses chaînes intérieures pour devenir un chrétien baptisé, fidèle parmi les fidèles. Il refuse toute compromission avec l’Empire, délaisse sa carrière et prend la route visible de la martyr domestique. Avec son compagnon Processus, également converti, il refuse d’offrir un sacrifice au culte impérial, et par deux fois rejette les ordres du pouvoir en faveur du seul nom du Christ .
Ainsi débute la vie nouvelle de Martinien : né geôlier, devenu frère en Christ, il embrasse pleinement l’Église naissante, prête à donner sa vie au Christ ressuscité plutôt qu’aux idoles terrestres.
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Baptême de Saint Martinien avec l'eau jaillissant |
2. 🩸 Le témoignage éclatant : baptême, tortures et décapitation sur la Via Aurélia
Les vertus de saint Martinien sont principalement liées à son courage antérieur au martyre, qui commença dans l’ombre de la prison Mamertine. Touché par la foi vivante de saint Pierre, libéré miraculeusement, il se convertit en secret, puis reçut le baptême des mains mêmes de l’Apôtre, près du roc de la prison où jaillit soudainement une source miraculeuse. Ce phénomène lumineux, mentionné dès le VIᵉ siècle dans le Passio des deux martyrs, devint le symbole de leur double sortie : non pas des geôliers, mais des enfants libérés de Dieu.
Devenus disciples unis, Martinian et Processus refusèrent de renier le Christ lorsque l’empereur Nero ordonna à leurs supérieurs de les obliger à offrir un sacrifice à Jupiter. Le préfet Paulinus tenta de les soudoyer, puis de les menacer physiquement. Ils affrontèrent les tortures avec une force surnaturelle : écartelés, brûlés par le feu, piqués par les scorpions, ils restaient imperturbables. Le livre Catholic Encyclopedia rapporte comment Péry ordinarius, dans sa ferveur, ordonna de sacrifier aux dieux, mais les martyrs restèrent fermes, invoquant Jésus-Christ.
La légende souligne l’irréversibilité de leur courage : ils crachèrent sur la statue de Jupiter, déclenchant la colère de leurs bourreaux, jusqu’au moment où la sentence fut irrévocable : la décapitation sur la Voie Aurélia, près du deuxième milliaire, aux environs de 67. Le Martyrologium Hieronymianum les situe précisément à cette date du 2 juillet, la même date où leurs restes furent ensevelis dans un cimetière suburbain, peut-être sous la protection des catacombes de Damas ou dans celles de sainte Agathe.
La postérité spirituelle de leur sacrifice fut immédiate : dès le IVᵉ siècle, une église fut construite sur leur tombe, attirant pèlerins, malades, pécheurs. Elle devint un lieu de guérisons, de conversion et de délivrance. Le pape saint Grégoire le Grand, dans sa 32ᵉ homélie, rappela que l’on venait s’y confesser, prier pour les indulgences, se purifier, un signe clair de la sainteté légendée mais vécue.
Leur martyre est illustré par une toile dramatique de Valentin de Boulogne (1629), exposée dans la Pinacothèque du Vatican, à proximité de leur autel à saint Pierre de Rome. La scène dépeint leur supplice, la clarté surnaturelle, leur résilience face aux tortures, et la conversion divine de leur chef, dont l’œil est brûlé, un écho visuel puissant de la justice divine face à l’injustice humaine.
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Martyr de Saint Proces et de Saint Martinien, Valentin de Boulogne en 1629 |
3. 📦 Translation des reliques & culte posthume : un rayonnement constant
Dès le IVᵉ siècle, la mémoire de saint Martinien et de saint Processus s’assure durablement dans la liturgie romaine. Selon les Études patristiques, leurs reliques seraient d’abord inhumées sur la Voie Aurélia, dans un cimetière suburbain fréquenté par des chrétiens clandestins.
Vers le VIᵉ siècle, l’empereur Justinien autorise le transfert de leurs restes précieux dans une mausolée construit en leur honneur à Rome, où ils sont déposés sous une basilique naissante sur laquelle pas moins de trois conciles seront plus tard célébrés, témoignage de l’importance ecclésiastique des lieux.
C’est au VIIIᵉ siècle, qu’un document épiscopal ou papal révèle le dépôt de ces reliques dans un monument désormais appelé « Saint-Martinien-et-Processus », situé près de l'ancienne prison Mamertine, sanctifiant ainsi le lien entre leur vie, leur martyre et leur culte.
Le pape Pascal I (817–824), selon les libri pontificum, confirme leur translation dans l’ancienne basilique Saint-Pierre, veillant à ce que leur mémoire soit préservée au cœur de l’Église romaine. De là, leurs ossements servent à sanctifier les premiers autels, et la dévotion s’étend aux gendarmes, à l’Ordre des Gardes-prisonniers et aux pèlerins en quête de protection.
Les reliques de saint Martinien, vénérées depuis l’Antiquité chrétienne, reposent aujourd’hui sous l’autel du bras nord du transept de la basilique Saint-Pierre de Rome, en un lieu sacré qui témoigne de l’honneur que l’Église a rendu à ces premiers martyrs. Ce transfert, accompli au IXe siècle par le pape saint Pascal Ier, visait à protéger leurs corps saints des profanations barbares. L’inscription commémorative, encore visible, rappelle à tous les pèlerins la fidélité héroïque de ces anciens gardiens de prison devenus témoins du Christ, morts pour la Vérité, et désormais veillant à jamais auprès du sanctuaire de Pierre.
♱ 4 Saint aujourd’hui : patronage et mémoire vivante
Bien que le nom de saint Martinien soit aujourd’hui moins célèbre que ceux de Pierre ou Paul, son culte n’a jamais cessé d’être honoré au sein de l’Église romaine, notamment en raison de son lien direct avec la première génération de martyrs. Son souvenir est intimement associé à celui de son compagnon saint Processus, avec qui il partage la palme du martyre et le repos éternel au cœur de la basilique Saint-Pierre, dans l’antique nécropole vaticane sanctifiée par le sang des premiers témoins du Christ.
Le culte liturgique des saints Processus et Martinien est attesté dès le IVe siècle, leur fête étant fixée traditionnellement au 2 juillet, mentionnée dans de nombreux anciens martyrologes, tels que le Martyrologe Hiéronymien ou encore le Sacramentaire Grégorien. Ces deux saints sont d’ailleurs représentés dans l’iconographie chrétienne des catacombes, puis à travers diverses œuvres de la Renaissance, notamment dans les fresques de la chapelle du Martyrion à Rome, où ils sont figurés en habits de soldats, tenant la palme et la couronne du martyre.
Leur figure, bien qu’empreinte d’une certaine obscurité historique, incarne une vérité spirituelle lumineuse : celle de la conversion du cœur et du renversement des puissances terrestres par la seule puissance de l’Évangile. Soldats de l’Empire, gardiens de la prison mamertine, ils deviennent gardiens du Royaume, non par l’épée, mais par la confession de la foi et l’offrande de leur vie.
Saint Martinien, à ce titre, patron des geôliers et des prisonniers convertis, symbolise encore aujourd’hui cette possibilité offerte à tous, y compris à ceux qui semblent loin de Dieu, de devenir des fils de lumière. Des autels secondaires leur sont encore dédiés dans certaines églises d’Italie et de France (notamment à Tours et à Autun), et leur culte, bien qu’humilité, subsiste dans le cœur des fidèles attachés à la mémoire des martyrs de Rome, les piliers silencieux de la foi catholique.
Le pape saint Pascal Ier, en les transférant solennellement dans la basilique Saint-Pierre au IXe siècle, affirmait en acte la valeur impérissable de leur témoignage, et leur offrait une place de choix dans la géographie sacrée de la chrétienté latine. Ce geste liturgique et politique consacrait leur exemple comme un appel permanent à la conversion intérieure, à la fidélité jusqu’à la mort et à la confiance dans la miséricorde divine.
Ainsi, saint Martinien, bien qu’ayant vécu dans l’ombre de la prison, brille encore aujourd’hui dans la lumière du sanctuaire éternel.
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Autre représentation du baptême de Saint Martinien, avec l'eau qui jaillit |
✦ Saint Processus : le compagnon d’âme et d’épreuve
Le nom de saint Processus (latin Processus, « progression, cheminement ») évoque à lui seul le parcours intérieur de l’homme païen converti par la grâce. Figure un peu plus effacée que son compagnon saint Martinien, il n’en est pas moins essentiel dans le récit de leur martyre commun : ensemble, ils gardent les saints Apôtres dans la prison Mamertine ; ensemble, ils reçoivent la foi et le baptême de saint Pierre lui-même ; ensemble, ils gravissent le Golgotha du martyre.
De Processus, la tradition ne nous livre que peu de détails individuels. Certains textes suggèrent qu’il aurait été le premier à être ébranlé par la parole de Pierre, montrant à Martinien la voie de la vérité. Son nom est mentionné dans les anciens calendriers liturgiques romains dès le IVe siècle, et sa mémoire a toujours été célébrée en même temps que celle de Martinien.
Son culte, bien attesté, fut honoré avec ferveur à Rome. Le pape Pascal Ier, au IXe siècle, transféra ses reliques dans la basilique Saint-Pierre, dans la crypte vaticane, où son nom est encore inscrit près de celui de Martinien, preuve d’une vénération conjointe, mais aussi d’une reconnaissance individuelle.
Saint Processus incarne le mystère de l’amitié chrétienne née dans les chaînes : une fraternité plus forte que la mort, scellée dans la confession de foi et la souffrance partagée. Il est ce soldat discret mais fervent, dont le cœur s’ouvrit à l’appel de la lumière et qui suivit, sans broncher, le chemin du Christ.
Représentation du martyr des 2 saints, dans La Légende Dorée
Prière à Saint Martinien et Saint Proces :
Ô saints Martinien et Processus,
vous qui avez veillé les Apôtres dans les ténèbres de la prison,
et reçu la lumière du Christ en vos cœurs,
fortifiez notre foi,
gardez nos âmes fidèles dans l’épreuve,
et conduisez-nous au Royaume de la paix éternelle.
Par Jésus-Christ Notre Seigneur. Amen.
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